Peut-on (encore) vivre de chambres d’hôtes ou de gîtes en 2025 ?

Beaucoup de porteurs de projet et d’hébergeurs touristiques me posent la même question : « Peut-on vivre de chambres d’hôtes ou de gîtes en 2025 ? ». La réponse n’est plus aussi simple qu’avant. Le paysage de la distribution en ligne a radicalement changé. Entre la domination des OTA, l’explosion de l’offre, les nouvelles attentes des voyageurs et le rachat de Cybevasion, il est plus difficile de dégager une marge confortable et d’assurer la rentabilité de sa chambre d’hôtes ou son gîte. Dans cet article, je vous explique ce qui complique la donne en 2025 pour ensuite répondre à cette question brûlante 🔥.

Les OTA : l’ennemi N° 1 pour vivre de chambre d’hôtes ou de gîtes en 2025

En septembre 2025, j’ai interrogé 37 organismes de gestion de destination représentant à eux seuls des centaines d’exploitants de locations saisonnières. Le constat est sans appel : les taux de remplissage stagnent, tandis que les OTA continuent de gagner du terrain et des parts de marché.

Une tendance inquiétante est à observer de près quand on cherche à vivre de sa maison d’hôtes ou de ses gîtes 🧐.

La première page de Google appartient aux « big 3 »

Booking.com, Airbnb et Expedia, que j’appelle le « big 3 », investissent chaque année des milliards en publicité, référencement et innovation. Résultat : ils trustent la première page de Google, proposent des applis ultra-fonctionnelles et fidélisent leurs clients grâce à des programmes attractifs.

Et cela fonctionne ! En 2019, 53 % des voyageurs réservaient déjà via ces agences de voyages en ligne. En 2024, ce chiffre est monté à 71 % 😲 (source : Skift Research).

Autrement dit, seuls 29 % des séjours passent encore en dehors de ces mastodontes. Un pouvoir que les « petits » hébergeurs indépendants ne peuvent contrer et qui permet aux OTA de dicter les règles du marché 👨‍🏫.

Les OTA transforment vos marges en commissions

Si leur visibilité peut être perçue comme un atout pour « exister » sur le web, leur modèle économique est quant à lui une réelle contrainte. Les commissions affichées varient entre 15 et 17 % HT, mais dans les faits, elles approchent souvent les 25 %.

Concrètement, si vous générez 50 000 € de séjours via les OTA, ce sont près de 10 000 € qui partent en commissions. Conséquences : vos marges fondent et, petit à petit, la rentabilité de vos chambres d’hôtes ou vos gîtes dépend plus des plateformes que de vos propres efforts marketing 📉. 

👉 Indéniablement, les agences de voyages en ligne sont désormais un vrai poids lourd à considérer quand on espère vivre de sa maison d’hôtes ou de son gîte. D’autant qu’elles n’ont pas dit leur dernier mot. À l’instar de Airbnb qui rêve de devenir l’Amazon du voyage, comme l’explique Brian CHESKY dans son interview pour Phocuswire.

L’effritement des plateformes de réservations directes

Vous n’êtes certainement pas passé à côté de cette actualité début 2025 : le rachat de Cybevasion par Holidu, qui a été un véritable coup de massue pour beaucoup d’hébergeurs touristiques 🔨. La plateforme française, accessible pour quelques dizaines d’euros par an, était l’un des derniers mohicans à offrir la possibilité de capter des clients en direct, sans commissions exorbitantes.

L’absorption de Cybevasion par Holidu a totalement changé la donne : votre annonce est désormais référencée sur les grandes OTA, avec 25 à 35 % de commission à la clé. Le risque au-delà du coût financier ? N’être plus maître à bord de votre hébergement, sauf pour le ménage et l’accueil 🛎️.

💡 Il existe encore des plateformes « annuaires », mais elles peinent à dépasser quelques milliers de visiteurs par mois. Quelques-unes réussissent à tirer leur épingle du jeu, notamment lorsqu’elles misent sur une niche bien définie.

▶️ Lire l’article comparatif des plateformes pour locations saisonnières

Les attentes des voyageurs comblées (ou façonnées) par les OTA

Les comportements de réservation ont changé. La plupart des voyageurs comparent d’abord sur Booking.com ou Airbnb, puis cherchent à obtenir un meilleur prix ou des avantages exclusifs. 

Et à ce jeu, ce sont les OTA qui dominent encore ! Tout simplement parce que leurs offres collent aux attentes actuelles des voyageurs :

• flexibilité totale : possibilité d’annuler gratuitement jusqu’à la veille, ce qui rassure les clients dans un contexte incertain.
  
• réactivité immédiate : disponibilité en temps réel et confirmation instantanée, quand de nombreux sites d’hébergeurs indépendants ne sont pas connectés à ce niveau.
  
• facilités de paiement : « réservez maintenant, payez plus tard » ou règlement en plusieurs fois, autant d’options pas toujours disponibles sur vos sites.
  
• réassurance permanente : avis vérifiés, paiement sécurisé, service client 24/7… des garanties qui pèsent lourd dans la décision finale.

Si vous ne proposez pas ces mêmes services — faute d’outils techniques ou de temps — vous partez avec un handicap face à ce standard imposé par les plateformes. Et pourtant, c’est bien sur ce terrain que se joue la bataille de la réservation directe 👊.

L’arrivée de nouveaux agents « artificiels » de voyages

En 2025, selon plusieurs études, un tiers des Français a déjà utilisé l’IA dans la préparation de ses vacances (source : TourMag). Et ce n’est certainement qu’un début, vu la vitesse à laquelle l’IA semble entrer dans les entreprises et les foyers ces derniers mois. 

La recherche conversationnelle transforme en profondeur la façon dont les voyageurs s’informent : au lieu de naviguer entre dizaines de sites, ils posent directement leurs questions à l’IA et obtiennent des réponses structurées, rapides et personnalisées 🤖.

Pour les hébergeurs, cela signifie qu’il devient indispensable d’adapter ses contenus : publier des informations claires, structurées et locales, parler le langage des voyageurs, et penser à l’IA comme un nouvel intermédiaire qui sélectionne et synthétise les résultats.

👉 Ne pas s’y préparer, c’est risquer de disparaître de ce nouvel écosystème de recherche et voir la rentabilité de sa chambre d’hôtes ou son gîte régresser.

L’explosion de l’offre d’hébergements touristiques

En 2024, Airbnb recensait plus de 1 million d’annonces en France, soit le double d’avant le Covid. Et encore, ce chiffre n’inclut pas les locations non référencées sur cette plateforme, ainsi que les hôtels, campings, résidences… 

Pour le voyageur, ce choix immense est un avantage. Pour l’hébergeur, c’est une concurrence féroce, qui pèse sur la pérennité de son activité. Car si se démarquer par l’expérience, la personnalisation et la qualité devient la seule manière d’exister, cela représente un investissement humain et financier.

▶️ Lire l’article « Y a-t-il trop d’hébergements touristiques pour se lancer dans l’aventure ? »

Le nouveau cadre juridique de la loi Le Meur

Adoptée en 2024, la loi Le Meur — surnommée « loi Airbnb » — a été un vrai coup dur pour les hébergeurs touristiques indépendants. Elle a profondément bouleversé les règles de la location courte durée, en particulier pour les petites structures en micro-BIC.

Son objectif –  légitime –  est de mieux encadrer un marché en pleine expansion et de limiter les abus ⚖️. Mais pour les hébergeurs indépendants, les conséquences sont lourdes :

• diminution de l’abattement fiscal, y compris pour les chambres d’hôtes situées dans la résidence principale ;
• plafonnement du nombre de nuitées dans certaines situations ;
• renforcement des critères énergétiques à respecter.

Autant de nouvelles contraintes qui posent une vraie question : comment préserver la rentabilité d’une maison d’hôtes ou d’un gîte dans ce nouveau cadre ?

💡 À cela s’ajoutent d’autres zones d’ombre — instabilité politique, crise climatique, tensions financières ou contraintes urbanistiques — qui renforcent encore le sentiment de fragilité des hébergeurs.

Alors, peut-on vivre de chambres d’hôtes ou de gîtes en 2025 ?

La réponse est oui, mais pas comme avant.

Ce n’est pas la fin des chambres d’hôtes ni des gîtes, mais c’est la fin des réservations faciles et quasi gratuites.

Gagner sa vie avec un hébergement implique désormais de :

• composer avec les OTA : elles sont incontournables pour la visibilité, mais il faut les utiliser comme une vitrine, puis inciter les clients à revenir en direct ;
• travailler son expérience client : l’accueil personnalisé, les petites attentions, l’ancrage local et les services exclusifs sont vos meilleures armes pour fidéliser ;
• accepter le multicanal : votre site reste le cœur, mais il doit être nourri par le SEO, Google Business Profile, réseaux sociaux, newsletters et éventuellement des plateformes alternatives.

👉 En conclusion, il est possible de vivre des chambres d’hôtes et gîtes, mais cela demande professionnalisation, stratégie et une vraie vision d’entrepreneur. J’en ai la preuve tous les jours avec des hébergeurs que j’accompagne et qui ont réussi à trouver une recette gagnante (bien que jamais acquise 😉!) pour atteindre jusqu’à 72 % des réservations directes…

FAQ : peut-on vivre de ses chambres d’hôtes et gîtes en 2025 ?